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Phobie d’impulsion: tout sur cette peur obsédante

Vivre avec la crainte obsédante de faire du mal, de commettre un acte violent ou répréhensible, voilà ce que signifie la phobie d’impulsion, qui apparaît ou ressurgit parfois durant la période post-partum. Quels sont les symptômes de la phobie d’impulsion ? Quels peuvent être les traitements pour en venir à bout ? On fait le point.

Qu’est-ce que la phobie d’impulsion ?

La phobie d’impulsion est une obsession ou une crainte obsédante de commettre un acte agressif, violent et/ou répréhensible, et moralement interdit. On parle ici de “phobie” par abus de langage, car la phobie d’impulsion n’est pas, à proprement parler, une phobie. La psychiatrie la classe dans la catégorie des Troubles obsessionnels compulsifs, ou TOC.

Car ici, il ne s’agit pas d’une peur survenant à cause d’un objet, d’une situation précise ou encore d’un animal, mais d’une peur quasi permanente, obsessionnelle, de “mal agir”, ou même d’avoir mal agi. Cette idée obsédante de commettre un acte immoral peut envahir la pensée d’une personne sujette à une phobie d’impulsion, au point qu’elle ne parvient pas à “se sortir cette idée de la tête”.

Mais de quelles idées parle-t-on ? Les personnes souffrant de phobie d’impulsion ont, par exemple la hantise de blesser quelqu’un, ou elles-mêmes, physiquement ou moralement. Elles peuvent “se voir” et s’imaginer agresser leurs proches. On peut citer l’exemple d’une personne qui manipule un couteau dans la cuisine et qui voit s’imposer à elle l’image horrible d’être en train de poignarder à mort un proche à ses côtés. La phobie d’impulsion peut aussi se traduire par le fait de se voir se précipiter ou précipiter quelqu’un dans le vide (ou sur les voies de chemin de fer du métro ou du train…), de dire des grossièretés dans des lieux publics ou sacrés, etc. Il existe de nombreuses variantes de phobies d’impulsion, aussi est-il difficile d’en faire une liste exhaustive.

Durant la période du post-partum, après l’accouchement, la phobie d’impulsion se manifeste souvent par la peur pour une mère de blesser son bébé, de le noyer, de le brusquer ou de l’agresser sexuellement (pulsions pédophiles et/ou incestueuses). Et un petit tour sur les forums parentaux suffit à se rendre compte que ces phobies d’impulsions durant le post-partum existent bel et bien.

On comprend ici que les phobies d’impulsion sont souvent reliées aux valeurs morales de la société, et aux peurs culturelles et sociétales.

On estime que plusieurs centaines de milliers de personnes souffriraient de phobie d’impulsion en France. Mais, fort heureusement, de telles peurs obsédantes et pensées immorales ne se traduisent généralement pas en actes, et n’indiquent pas que la personne qui en souffre est “folle”, “dangereuse”, “pédophile” etc.

Phobie d’impulsion : quels symptômes ?

La phobie d’impulsion, peur obsédante entrant dans la catégorie des TOC, se traduit par :

  • la présence d’images ou pensées horribles (agressives, violentes, immorales, etc.) qui s’imposent à notre esprit de manière répétée ;
  • la crainte de perdre le contrôle et de passer à l’acte, d’agir d’une manière qui nous horrifie ;
  • la peur que ces pensées obsédantes traduisent une personnalité malveillante tapie au fond de soi, ou des désirs cachés inavoués (dans le cas d’idées pédophiles notamment).

Stratégies d’évitement et autres conséquences de la phobie d’impulsion

La phobie d’impulsion est plus que difficile à vivre pour la personne qui en souffre. Bien que le risque de passage à l’acte soit considéré comme nul, la personne souffrant de phobie d’impulsion souffre d’une terrible anxiété à l’idée que ces pensées obsédantes ne se traduisent en actes, ou qu’elles ne dissimulent une partie très obscure de sa personnalité, jusque-là méconnue.

En réponse à ces images et pensées, les personnes atteintes peuvent en venir à mettre en place tout un tas de stratagèmes pour s’éloigner des lieux (métro, train, pont…), des objets (fenêtre, aiguilles, couteaux…) ou des personnes (bébé, conjoint, proches) vers qui est dirigée la phobie d’impulsion. Elles espèrent ainsi ne jamais passer à l’acte, en évitant les situations qu’elles considèrent comme “à risque”.

Par exemple, dans le cadre du post-partum, une mère ayant la phobie d’impulsion de noyer son bébé lorsqu’elle lui donne le bain aura tendance à laisser son conjoint ou quelqu’un d’autre s’occuper de cette tâche, de peur que cette pensée se réalise. Elle se privera donc d’un moment de complicité fort avec son bébé, ce qui peut nuire à la relation mère-enfant, surtout si la mère évite aussi d’autres situations semblables (changer la couche, donner le sein, porter bébé…).

Les personnes sujettes aux phobies d’impulsion peuvent aussi essayer de neutraliser ces peurs obsédantes par des paroles ou actes symboliques récités pour “conjurer” la situation.

Appelées “ruminations”, des vérifications mentales peuvent aussi être menées par l’individu sujet à une phobie d’impulsion, qui tentera de vérifier mentalement qu’il n’a rien fait de mal, ou qu’il n’a pas envie de passer à l’acte. Il peut alors être amené à entreprendre des vérifications, par exemple en vérifiant que personne n’a été poussé sur les rames du métro dans la journée, ou écrasé par une voiture, si ses phobies d’impulsion sont de cet ordre.

Soigner la phobie d’impulsion

Pour se débarrasser d’une phobie d’impulsion, il faut être à même d’accepter ces pensées comme n’étant que des pensées, et prendre conscience qu’elles ne sont heureusement pas vouées à se réaliser.

L’essentiel de la prise en charge de la phobie d’impulsion repose sur une psychothérapie, et notamment sur une thérapie cognitive comportementale (TCC).

Il s’agira d’amener la personne à tolérer progressivement ces pensées obsessionnelles et terrifiantes, pour réduire son anxiété et les craintes qu’elles suscitent. Accepter ces pensées plutôt que de les rejeter et de s’en vouloir d’avoir de telles images en tête permettrait peu à peu de s’en défaire, de les faire disparaître.

Une prescription médicamenteuse peut s’avérer utile en complément d’une prise en charge par un psychologue ou psychiatre. Même sans dépression associée, les antidépresseurs seraient efficaces pour réduire progressivement le niveau d’envahissement mental par les obsessions, ainsi que les niveaux d’anxiété et d’angoisse de la personne souffrant de phobie d’impulsion.

Enfin, bien que leur efficacité dans la prise en charge d’une phobie d’impulsion n’ait pas été scientifiquement démontrée, les approches plus douces comme la méditation de pleine conscienceou la phytothérapie, via la prise de plantes relaxantes ou réputées efficaces contre la dépression, peuvent aider à se défaire de TOC ou de phobies d’impulsion. Cependant, mieux vaut employer ces méthodes douces en complément d’une prise en charge par un psychothérapeute pour plus d’efficacité.

Informations complémentaires : 

Source: Parents.fr