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Borderline: des clés pour comprendre

Borderline: des clés pour comprendre

 

Une hyperémotivité envahissante. C’est ce contre quoi luttent au quotidien les personnes atteintes du trouble de la personnalité borderline – ou état limite –, qui toucherait environ 2 % de la population, des femmes pour 3 cas sur 4. Retour sur une maladie psy imprévisible, tant pour la personne atteinte que son entourage.

 

Ils nous ressemblent, nous semblent parfois un peu puérils, égoïstes, puis vient une situation de stress où tout s’enchaine : crise de colère, comportements dangereux, tendance à la manipulation, idée suicidaire. Les personnes atteintes du trouble borderline sont, selon le psychothérapeute Alain Tortosa, « des Cocotte-Minute, toujours sur le point d’exploser ».

 

Identifier le trouble Borderline

Mais qui sont vraiment les borderline ? Difficile de répondre tant ce trouble est multiple, comme en témoigne une psychonaute sur les forums : « ils sont des êtres humains, de chair, d’âme et d’émotions. Pour ma part, j’ai le sentiment d’être un élastique. Je tends vers la lumière, je me charge en tension, je me projette et je rencontre soit un mur, soit le vide. Je lutte pour ne pas me charger… »

La difficulté de gérer ses émotions est le leitmotiv de cette maladie psy, à mi-chemin entre névrose et psychose. Ses manifestations : l’hyperémotivité, des réactions excessives à la moindre contrariété. S’ajoutent à ces traits communs des symptômes caractéristiques sur lesquels se base le diagnostic médical de la maladie (au nombre de 5 ou plus chez chaque personne) :

– des sentiments chroniques de vide

– une difficulté à gérer la colère

– une capacité réduite à prévoir les conséquences de ses actes

– une perturbation de l’identité (remise en question de projets ou de sentiments certains, questionnement sur soi, difficultés à analyser son ressenti)

– une tendance à idéaliser puis à dévaloriser l’autre

– une instabilité dans les relations interpersonnelles (changements fréquents d’amis, de partenaire, de milieux professionnels, tendance à la manipulation, etc.)

– des efforts effrénés pour éviter les abandons (crainte excessive des ruptures, de l’éloignement)

– des symptômes dissociatifs et une idéation persécutoire (impression de sortir de son corps, d’être victime d’un complot)

– des comportements impulsifs, dangereux, d’auto-mutilation (crises de boulimie, tendance au jeu, consommation abusive d’alcool ou de drogues)

– des idées et des gestes suicidaires

L’état de personnalité limite est donc difficile à cerner, d’autant qu’il est souvent accompagné d’un autre trouble de la personnalité, à l’image de la dépendance affective.

 

Expliquer ses origines

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, près de 2 % de la population mondiale (1) seraient touchés par le trouble de la personnalité borderline, à commencer par les femmes qui représentent près de trois cas de maladie sur quatre.

A l’image de ses symptômes, les causes du trouble borderline sont multiples. Si des causes biologiques, chimiques (dérèglement de la production de sérotonine) et des prédispositions génétiques sont manifestes, la maladie se déclare d’avantage chez des personnes ayant subies des abus, des carences affectives ou des séparations difficiles dans leur enfance.

(1) J.G Gunderson, Borderline Personality Disorder. A clinical guide. American Psychiatric Publishing, 2000

 

Soigner le trouble de l’état limite

Face à la maladie, les personnes borderline se voient proposer une double solution thérapeutique :

– La prescription d’antidépresseurs et d’anxiolotiquesestgénéralement préconisée pour traiter les causes biologiques de la maladie et atténuer les passages dépressifs, les crises de panique ou d’anxiété. Une première solution vers la stabilisation, comme en atteste Cuzco sur les forums : « tout le monde a des hauts et des bas. Mais chez ma fille (atteinte du trouble borderline, ndlr), ils changent en une heure et ils sont très hauts et très bas. C’est là que ses stabilisateurs d’humeur l’aident… »

– Le traitement se complète toujours d’un travail de thérapie. Une approche comportementaliste (type TCC) permet d’aider les malades à corriger des schémas de pensée troublés par leurs émotions, à réapprendre des comportements sains. Egalement reconnue pour son efficacité, la thérapie comportementale dialectique (TCD) propose une approche plus complète, à la fois analytique – sur la connaissance de soi, la compréhension des émotions – et comportementale, mais reste peu dispensée en France.

 

 

Vivre avec un proche Borderline

Maladie au long court, le trouble Borderline est une toujours une épreuve de vie, tant pour la personne atteinte que pour son entourage. A l’image de Rose-Lyse, forumeuse, chaque famille doit ainsi œuvrer pour trouver un nouvel équilibre autour des aléas émotionnels du malade : « Je pense qu’il faut être à son écoute, sans juger. Etre une présence, mais aussi être discret pour lui laisser lui laisser prendre ses responsabilités. Ne pas l’infantiliser, ne pas le juger ou lui faire des remarques blessantes qu’il risque de le rabaisser. Lui montrer qu’il a tort, qu’il fait des erreurs et que nous sommes là pour le guider ».

Si l’écoute et l’échange sont souvent un moyen de faire face ensemble à la maladie, les associations de soutien aux personnes borderline conseillent également à l’entourage de :

– savoir garder de justes distances pour éviter les relations fusionnelles intenses

– ne pas dramatiser les accès de colère dont les malades ont souvent peu conscience

– ne pas porter un jugement sur les comportements impulsifs, dangereux qui sont autant d’appel à l’aide. Les personnes borderline ont avant tout besoin que leur entourage leur rappelle leur affection et leur inquiétude.

– les encourager à partager son ressenti tout en les rassurant sur leurs qualités, leur valeur, quand ils font preuve de trouble de l’identité ou d’une piètre estime d’eux-même

– reconnaître le sentiment d’injustice ou de rébellion contre l’autorité dont font part les malades, tout en leur rappelant les réalités quotidiennes auxquelles chacun est confronté.

– accepter une certaine forme de manipulation si celle-ci peut permettre de gagner la confiance et fixer des limites dans le cercle familial.

 

Source: Psychologies.com

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