Confiance en soi : une énergie puissante
La confiance en soi est une réserve d’énergie puissante et fondatrice. Grâce à elle, nous pouvons dépasser les obstacles, avancer dans nos projets. Et si elle a manqué, il est toujours possible de la restaurer.
L’avez-vous remarqué ? « Les notions qui nous parlent au cœur sont souvent les plus difficiles à définir », comme le dit le psychanalyste Moussa Nabati. Le bonheur, par exemple, la liberté, l’amour. Ou encore la confiance en soi. Intuitivement, nous savons à quoi ça ressemble : quelque chose comme de l’aisance, de l’assurance. Nous la reconnaissons lorsque nous l’éprouvons, mieux encore lorsque nous en manquons. Nous font alors défaut cette joyeuse curiosité pour la journée à venir, cette liberté intérieure qui nous autorise à exprimer nos goûts et nos points de vue, à choisir et à refuser, à former des projets et à les réaliser…
Cet heureux cocktail de désir et de volonté, d’estime de soi et d’optimisme, l’auteur du Bonheur d’être soi l’appelle aussi « l’en-vie », force vitale qui, telle une sève, nous nourrit et nous anime, « nous procurant le bonheur d’être soi, vivant et entier ». Mais de quoi est-elle faite ? Sur quoi repose-t-elle ?
Une image saine de soi
Sans doute avançons-nous plus confiants lorsque la fortune nous sourit. Ah, si j’étais riche, si j’étais plus mince, si j’avais plus de temps, ça irait mieux ! Peut-être. Cependant, explique Moussa Nabati, « la confiance en soi, ce n’est pas un problème de papier peint, mais de fondations ».
Elle s’étaye avant toute chose sur l’amour que nous avons reçu dans les tout premiers temps de notre existence. Le narcissisme – l’amour que nous avons pour nous-même – naît de l’intériorisation de cette sollicitude originelle. Nécessaire, constitutif, il fonde l’image que nous avons de nous et, partant de là, l’estime que nous nous portons. Avoir confiance en soi, c’est être empli de cette énergie d’amour et de vie, la libido. C’est, ajoute Moussa Nabati, « se sentir appartenir à la grande chaîne du vivant, au même titre que les plantes et les animaux, et ressentir profondément que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ».
Une libido puissante comme un fleuve, qui irrigue la totalité de notre être, voilà qui permet de s’aimer soi-même tranquillement, avec ses qualités et ses défauts – signe d’une image « saine » de soi plutôt que « toute bonne » ou « toute mauvaise ». Voilà aussi qui permet de se relever des épreuves les plus terribles et, même lorsque l’avenir paraît sombre, de garder confiance dans la vie.
La légitimité d’être soi
Mais bien sûr, cette force souterraine n’est pas le lot commun. Privés dès le départ d’un amour qui nourrit, certains manquent cruellement d’énergie. D’autres ont la nostalgie de leur enthousiasme d’enfant, émoussé par les épreuves et les désillusions de la vie.
« A un moment, à force de brimades et d’humiliations, il devient plus facile de se conformer ou de se soumettre plutôt que de lutter pour s’affirmer », constate Gian Laurens, auteur d’un très stimulant abécédaire d’affirmation de soi. Sociopsychologue, il anime pour le compte d’un organisme de formation des stages d’« assertivité », au cours desquels il invite les candidats « à essayer de comprendre au nom de quoi ils se sont écrasés, et à voir que la docilité n’a jamais été un moyen d’avoir la paix mais au contraire une incitation de plus à l’exploitation de soi ».
Parmi les mots-clés utilisés lors du stage, la « peur » – de déplaire, de perdre, d’échouer, de souffrir… – permet évidemment d’explorer les limites dans lesquelles chacun s’est emprisonné. Autre notion éclairante pour les repousser : la « légitimité », celle que l’on se donne à être soi, à s’exprimer, à conduire sa vie comme on l’entend, à explorer en toute liberté les infinies possibilités d’exister.
Mais c’est ici que les choses se compliquent. Car ce que l’on accepte intellectuellement, il faut aussi pouvoir le vivre affectivement. S’autoriser à, ne plus s’empêcher de… Une psychothérapie est parfois nécessaire pour lever les obstacles que nous plaçons nous-mêmes sur notre route, au nom d’un sentiment inconscient d’indignité ou d’insuffisance.
Pour Moussa Nabati, « ce n’est pas l’adulte qui souffre, mais son enfant intérieur. C’est pourquoi on ne peut restaurer la confiance qu’en s’attardant sur le contenu de notre dépression infantile précoce (DIP) lorsque nous avons été mal aimé, ou témoin impuissant de la souffrance de nos parents, ou encore mis à une place qui n’était pas la nôtre, celle d’un frère disparu par exemple. Le passé ne pourra jamais être réparé, mais la thérapie permet que l’impuissance que nous avons ressentie alors ne nous fasse plus souffrir aujourd’hui ». Le plus sûr moyen pour retrouver l’« en-vie ».
Source : Psychologies.com – Laurence Lemoine